Compliments
Objet : Compliments à M. Méresse.
Par Evelyne & Jean-Michel
PARIS
02170 LE NOUVION EN THIERACHE
Références : Parcours au
service du devoir de mémoire.
Monsieur Méresse,
Toute une vie d’honneur contre l’oubli, mais c’est
d’abord l’homme que je veux saluer, celui qui a su surmonter sa douleur et sa
peine pour initier les autres au devoir de mémoire.
C’est un long chemin que vous avez parcouru, sans
jamais oublier et vous tenez à ce que les autres, également, se souviennent.
A un âge où
d’autres profitaient de leur enfance, Albert Méresse, touché en plein cœur de
sa famille (un père et deux frères déportés, décorés de la légion d’honneur à
titre posthume), fidèle messager de ces « hommes de l’ombre »
continuait à vivre dangereusement, au côté de sa mère (décorée elle aussi de la
légion d’honneur), et à mettre une confiance aveugle en l’espoir avant que
d’exprimer sa peine.
Cette confiance en l’espoir, cette abnégation au
service de la liberté —celle pour laquelle des patriotes français se battaient
pour que les filles et les fils de la France redeviennent libres— ont guidé
Albert Méresse, meurtri au plus profond de sa chair, dans une quête commencée
en 1974.
Non content d’avoir rassemblé des documents écrits,
photographiques, il a su leur donner la parole et une âme.
Son travail est exemplaire parce qu’il est vrai, et
parce qu’au travers de la disparition de ses proches, il parle de la vie.
Personne ne sort
indemne d’une telle confrontation :
-
ni lui qui a
perdu une grande partie de sa famille,
-
ni nous qui,
spectateurs de cette exposition et de ce
film, devinons l’horreur derrière l’héroïsme.
Mais cette épreuve s’avère nécessaire pour que tous
sachent ce qu’a été le sacrifice d’une génération et l’on en sort grandi.
Humble instrument de cette recherche, il remarque lors
d’une visite au monument aux morts de Le Sart en 1974, une plaque de victime
civile : « Lucien Grosperrin fusillé le
Cela interpelle l’homme qui connaît si bien
l’enchaînement des faits de guerre de sa région natale : Pourquoi, alors
que la population de ce village de Thiérache de l’Aisne est libérée depuis septembre
1944, un civil est-il inscrit fusillé en 1945 ?
Cette homme, né à Le Sart, n’y a aucune famille de
connue.
Le voici en charge d’une énigme à résoudre lorsqu’il
se rend compte que ni la population, ni les édiles locaux -qui ont apposés
cette plaque à la demande anciens combattants- ne savent rien de cette
exécution par l’occupant Allemand.
Voici notre modeste enquêteur provisoirement dans
l’impasse. Il était loin de se douter que son obstination dans cette chasse à
la vérité allait durer trente-quatre années et aboutir à réhabiliter un héros
oublié.
En 1980, il
est sollicité par Michel Cadart pour organiser une exposition sur la résistance
à Fesmy le Sart.
En 1987, ce « chasseur de mémoire », au prix
du réveil d’anciennes douleurs, commence des recherches sur tout ce qui a
concerné l’action de son père dans la Résistance.
En partie achevées en 1991, elles furent couronnées,
en avril 1992, par un recueil publié dans le journal l'Observateur d'Avesnes.
En 1992, il accueille, à la demande du Maire de Cartignies, un autocar
d’anciens déportés venant de Lille.
Ces derniers, désireux de découvrir des précisions sur
la Résistance dans la région de Cartignies, allèrent également rendre hommage à
Emile Edmond Vallée (arrêté avec le père de M. Méresse), fondateur du Journal
Le Combattant et décédé en 1991.
Inlassable dans son dévouement au service de la liberté, il répond en
1994, pour le 50ième anniversaire de la Libération, à une demande du
journal l’Observateur concernant les actions de la Résistance dans le village
de Cartignies (département du Nord). Il édite cette même année, sur le sujet « Résistance
et de la Déportation », un nouveau recueil mis à jour (parution dans le
journal l’Observateur) ainsi qu’une cassette VHS en noir et blanc.
Infatigable, souvent au mépris de sa santé, et ce afin
que d’autres, aussi, se rappellent —il a
raison, on ne peut et on ne doit pas oublier— il rappelle que des fils ont
perdu leur père, des femmes leur époux, des mères leurs fils pour une
idée : que la France retrouve la liberté.
Ses pas l’amènent, en 1997, au collège de Caudry pour
une causerie sur la résistance avec des élèves de 3ième. Il s’est
juré de faire en sorte que les générations qui le suivent n’oublient pas le
sacrifice de ces français qui ont tout donné pour que les enfants de France redeviennent
libres.
Il en parle sans haine, mais ne peut pardonner.
Qui pourrait pardonner la disparition d’un père qui
bravait les interdits pour que ses enfants puissent vivre la tête haute ?
Ce parcours, tous ceux qui l’ont écouté l’ont fait
avec lui. Cette peine, ils l’ont aussi éprouvée, parce que son témoignage est
exemplaire.
Son état de santé préoccupant ne l’empêche pas de
visiter toutes les expositions de la région et, très souvent, de commenter les
faits de la Résistance dans l'avesnois.
En 2000, non content d’avoir rassemblé des documents
écrits et photographiques, il a su leur donner la parole et une âme dans une
nouvelle cassette, VHS-couleur cette fois.
Derrière la peine, il a mis des mots, derrière les
mots des images.
En 2002, avec Michel Cadart, il organise à Landrecies
une exposition sur le général De Gaulle.
2004 voit la naissance d’un premier DVD « La
résistance de Jules Méresse », car il
maîtrise aussi bien le discours que les médias pour le diffuser. Ce DVD
remporte un grand succès dans la région.
En 2005, à l’initiative de Michel Cadart qui organise
une exposition pour le 60ième anniversaire de la déportation, il
commente la déportation au camp de Dora où sont disparus son père et ses deux
frères.
En 2006, il est invité par Guy Constant pour son
exposition sur la Résistance à Arques.
La même année, invité par le Préfet du Nord pour la remise
des prix du concours de la Résistance, il fait encore une fois preuve de
détermination dans un éloge fortement apprécié et dédicacé par M. le Préfet.
Début novembre 2006, M. Roseleur —dernier Résistant du groupe de son père— décède. A la demande de la famille, Albert
Méresse dresse le portrait et l’hommage de ce résistant exemplaire.
Le même mois, contacté par le syndicat d'initiative de
Boué pour une exposition d’une semaine
sur le thème de « la Résistance dans le monde rural » il est quotidiennement sur
place pour en commenter les divers tableaux, recevoir les élèves et commenter des
scènes extraites de son deuxième DVD.
Plus de 1200 entrées prouvent l’intérêt et la qualité
de ce « devoir de mémoire ».
En 2007, il fait confectionner un drapeau :
-
Face 1 «
Résistance et Déportation 1940 / 1945 »,
-
Face 2 « 18
juin 1940 / 8 mai 1945 »
Il sera destiné à accompagner les manifestations
patriotiques et à honorer les derniers Résistants et Déportés pendant leur voyage
vers leur dernière demeure.
Toujours courant 2007, Mme Mireille Châtelain —fille
de Jules Lebon arrêté avec le père de M. Méresse et résistante— décède.
Albert Méresse, contacté par des personnalités de
Cartignies lui rend un dernier hommage.
Albert Méresse propose à Serge Adiasse –rescapé du massacre du Gard— de réaliser un film pour retracer ce tragique
épisode de la retraite allemande au Gard d’Etreux
Après trois mois de labeur, Albert Méresse grave ce document qui
rencontre un grand succès. Près de 150 DVD seront réclamés à Serge Adiasse.
En octobre de la même année, il est présent, toujours avec Serge
Adiasse, au collège Colbert Quentin de Le Nouvion en Thiérache. Cette rencontre
autour de la lecture de la lettre de Guy Moquet est l’occasion d’effectuer un
tour d'horizon sur la Résistance et la Déportation.
En 2008, les recherches commencées en 1974 pour élucider l’exécution de
Lucien Grosperrin sont en voie d’aboutir. Elles voient leur conclusion début 2009.
Albert Méresse propose, lors des vœux du Maire, la diffusion à la
population de Le Sart de ses conclusions illustrées par un diaporama.
Le 17 mars 2009, lors de l’hommage de M. le Maire de Cartignies au
dernier combattant décédé, Albert Méresse
est présent avec le drapeau qu’il a fait réaliser.
C’est un jour tristement mémorable pour lui, en ce 17 mars,
anniversaire de l’arrestation de son père et de ses frères.
Le 23 juin 2009 Mme Wittrant —Professeur
des écoles à Fesmy le Sart— demande à Albert Méresse de retracer aux élèves ce
qu’était la Résistance pendant la guerre 39/45.
Le 9 octobre de la même année, Mme Gouy —Professeur des écoles à
Cartignies— sollicite Albert Méresse pour faire découvrir aux élèves du « Groupe
scolaire Méresse » l’origine de cette
dénomination ainsi que de celles des rues « Roger Lebon » et « Jules
Gérard Méresse ».
Au début de Janvier 2010, Albert Méresse se rend à nouveau dans cette
même classe pour donner un suivi d’informations auprès des élèves. Ceux-ci,
très intéressés et reconnaissants, participent depuis volontiers aux
manifestations patriotiques.
Le 5 janvier 2010, avec Serge Adiasse, il réitère une intervention
auprès des élèves de l’école de Boué
présents à la salle de la fête.
Le 4 février 2010, il est présent pour les mêmes raisons au
collège Colbert Quentin de le Nouvion en
Thiérache.
Le vendredi 23 avril 2010, il organise une conférence à
la salle des fêtes de Cartignies. Celle-ci remporte un grand succès dans ce village
récompensé par le titre de « Village Patriote ».
Le 27 mars 2011, Albert Méresse est invité avec son
drapeau à Aubigny en Artois pour un
dépôt de gerbe au monument de la carrière Chaufour ou 98 civils furent fusillés
le 22 mai 1940 par des SS.
Il est actuellement en pourparlers avec la
municipalité de Cartignies au sujet de la réalisation d’une exposition sur la
« Résistance et la Déportation en zone rurale ». Celle-ci est prévue
pour la commémoration du 11 novembre 2011.
Présent à tous les défilés patriotiques de son village
et des villages environnants, il perpétue, malgré une santé fragile, l’hommage
du combat de ses parents. Il le fait d’une manière pacifique et, apparemment
inébranlable, il continue de tracer leur sillon.
A 78 ans, le parcours de cet humble artisan du
« Devoir de Mémoire » est exemplaire.
Toutes ses interventions sont des messages de paix
qu’il laisse aux générations à venir pour qu’elles aussi continuent —non pas
d’enfermer grimoires— mais de faire vivre le souvenir de celles et ceux qui ont
perdu leur vie pour sauver la nôtre.
Mais comme toujours vous restez humble, c’est aussi à
cette simplicité que je veux rendre hommage. D’un sourire empreint de
tristesse, vous déclinez les honneurs.
Vous les méritez pourtant.
Vos parents ont fini leur combat, continuez à mener
le vôtre.
Merci Monsieur Méresse de nous épargner la honte de
l’oubli.
E & JM PARIS
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