G Betrancourt
GILBERT BETRANCOURT
Mécanicien ajusteur de 35 ans, il habite Paillancourt, un petit village situé à côté de Cambrai.
Il est marié à Madeleine et il est père de deux petites filles. En 1939, Gilbert est mobilisé et, en 1940, à la débâcle, il s'arrange pour ne pas être fait prisonnier. Il a entendu l'appel du Général De Gaulle le 18 juin 1940. Il rentre chez lui et dira à sa femme: " Pour, moi la lutte n'est pas finie. Il entre dans la résistance dans le réseau du Capitaine Michel.
Il est en relation avec Jules Nautour qu'il recevra chez lui à plusieurs reprises. Il sera l'agent de liaison de Jules Nautour pour la région de Cambrai. Il repère tout ce qui touche à l'armée allemande: "trains de matériels et de munitions, ponts à détruire où à faire bombarder par l'armée alliée, usine travaillant pour l'armée allemande. Il fait des plans de ce qu'il a repéré pour les transmettre à Londres. Il colle des tracts et plus tard distribue les journaux " la Voix du Nord". Mais un jour, en revenant de son travail à Denain, on le prévient que plusieurs de ses amis résistants ont été arrêtés et que la police (allemande ou française? ) l'attend chez lui. Il est alors obligé de se cacher. C'est ainsi qu'au début de l'hiver 41-42, il arrive chez mon père (par la filière Carniaux, Leprêtre, Meresse). Il vit chez nous comme un membre de la famille. Il s'entend très bien avec mes deux frères: Gérard et Robert, qui à ce moment, ne sont pas encore dans la résistance mais connaissent les activités de mon père. De temps en temps, mon père allait faire sa partie de cartes chez Paul Lécoyer dit (le père Paul) un camarade et ancien combattant comme lui, Gilbert allait avec lui, mon père disait que c'était son cousin .Gilbert sortait très peu pour ne pas se faire remarquer. Comme il était ajusteur il aimait se rendre dans l'atelier de la ferme, qui était dans une dépendance touchant à l'étable. Il faisait des bagues avec des pièces de monnaie, mais il s'ennuyait après sa femme et ses deux filles et voulait aller les voir, mais sa maison était toujours surveillée. Mon père lui disait: "si tu rentres chez toi, tu seras arrêté ". Ce qui lui manquait aussi, c'était surtout ses activités dans la résistance, à Cartignies il était isolé. Un jour, il partit pour Lille chez Désirée Leprêtre. Là, il avait une chambre à l'étage, et il reprit ses activités dans la résistance, il put revoir sa femme qui lui rendit visite plusieurs fois mais il ne revit jamais ses deux petites filles Au mois d'octobre, il est arrêté par la gestapo avec Désirée Leprêtre, ils sont conduits à la prison de Loos.
Les longs interrogatoires et les tortures ne viendront jamais à bout de leur mutisme. La gestapo viendra plusieurs fois à Paillancourt interroger sa femme. Elle aura la chance de ne pas être arrêtée. Gilbert se trouve à Loos, dans la même cellule que Denis Cordonnier. A chaque retour d'interrogatoire, il est dans un triste état On lui reproche l'attentat de la taverne Lilloise où plusieurs officiers allemands avaient été tués, en réalité il n'y était pour rien. Après un certain temps, il est conduit à Fresnes où il sera condamné à mort et fusillé au Mont Valérien, le 8 février 1943. Ce jour là un condamné à mort avant de tomber sous les balles, dira: « imbéciles, c'est pour vous que je meurs » Gilbert aurait été capable de dire cela. Quand à Désirée Leprêtre après plusieurs interrogatoires où elle connut les pires sévices elle fut déportée au camp de Ravensbrück. Elle rentrera en mai 1945 vivante, mais complètement méconnaissable.
Elle sera décorée de la Légion d' Honneur, de la Croix de Guerre, de la Médaille de la Résistance, et du Diplôme des Passeurs et Résistants Luxembourgeois. Elle décédera en janvier 1984 à 93 ans.
En 1946 Madeleine Bétrancourt fera revenir le corps de son mari au cimetière de Paillencourt, car après son exécution, il avait été enterré au cimetière d'Ivry s Seine. Pour rendre hommage à son héros, la rue principale de Paillancourt sera la " rue Gilbert Bétrancourt " Son épouse recevra les décorations suivantes à titre posthume: la Croix de guerre, la Médaille Militaire, et la Médaille de la Résistance. Au printemps 1943 Maurice Carniaux vient voir mon père et lui montre une coupure de journal avec la liste des fusillés au Mont Valérien, Gilbert est sur cette liste. Maurice Carniaux sera arrêté quelques mois plus tard et déporté en Allemagne où il fut assassiné comme les autres héros. Après la guerre, Mme Désirée Leprêtre viendra voir ma mère et lui racontera comment la filière aboutissait chez nous, et comment elle était organisée. Elle me fit cadeau d'une boussole d'aviateur que je garde comme un précieux souvenir.
Madeleine Bétrancourt décédera en avril 1995
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 42 autres membres