Le massacre du Gard d'Etreux
Le massacre du Gard d'Etreux
Albert Meresse: Etant fils et frère de Résistants, Orphelin de guerre, voici plus de trente ans que je me consacre au devoir de mémoire. Ce devoir c'est de relater des faits historiques pour que les jeunes générations sachent la vérité. Car ces générations qui sont nées dans un pays en paix, profitent chaque jour de la liberté, elles parlent, se déplacent, elles sont libres de leurs choix ceci est très important, les durs souvenirs du temps passé n'ont jamais fait partie de leur vie. Et pourtant que seraient-elles aujourd'hui si d'autres personnes inconnues ne s'étaient pas sacrifiées pour qu'elles soient libres aujourd'hui ? Pourquoi devraient-elles s'être sacrifiées davantage que les autres ? Ces personnes ont donné leur vie pour une libération dont elles ne profiteront jamais .Ces individus sont morts pour que vive la France., les jeunes générations doivent le savoir.
C'est pour cette raison que j'avais pensé faire un film «'amateur » sur le massacre du Gard d'Etreux, mais plusieurs versions sont racontées Donc je me suis penché sur le problème et j'ai analysé ces versions. Pourquoi ce massacre ?, La réponse est qu'il y a souvent une raison qui déclenche.
En faire un film, il faut avoir la vérité, ou alors c'est la polémique.
Parlons un peu de Résistance sans comparaison au massacre du Gard d'Etreux.
Après l'invasion allemande en 1940, vous aviez trois sortes de Français, ceux qui n'ont pas accepté, comme beaucoup d'anciens combattants de 14/18, ceux qui sont restés dans leur petit coin sans s'occuper de rien, et ceux qui ont pensé à faire des bonnes affaires,
Revenons à la Résistance : Je veux dire la vraie Résistance celle qui s'écrit avec un R majuscule. Ces hommes ont commencés très tôt. C'était l'hébergement des résistants traqués par la gestapo, les aviateurs alliés à cacher et à rapatrier, les tracs à distribuer les renseignements, les parachutages, les sabotages pour retarder les renforts des troupes allemandes envoyées pour stopper l'avance des libérateurs, et préparer l'arrivée des alliés. Mais il y avait aussi une autre résistance celle de personnes irréfléchies, qui n'écoutaient pas leur chef, des tireurs inexpérimentés qui attaquaient n'importe quoi n'importe où, pourvu que ce soient des allemands, sans penser aux suites que cela pouvaient provoquer.
Venons-en maintenant aux faits du Gard d'Etreux
Le vendredi 1er septembre 1944 Les américains se trouvant dans la région de Laon, des résistants voyant le grand jour arriver ne prennent plus assez de précautions.ils se montrent au grand jour. Un soldat doit « voir sans être vu, » c'est un principe fondamental de l'instruction militaire
Vers 18 heures 30 des résistants FFI en groupe, bien armés, se rendaient au PC de leur mouvement à la ferme de Mr Blot, ces résistants marchaient sans se cacher sur la route, les fermiers Mr Adiasse et Mr boulanger avec leur famille faisaient la traite des vaches, lorsque soudain arrivent deux camions allemands à environ, 100 à
Ces FFI voyant l'accrochage inévitable, font feu immédiatement sur les camions, en s'abritant, dans les fossés et derrière les haies et à quelques mètres des fermiers faisant la traite, ceux-ci se protégent comme ils le peuvent, car la fusillade s'intensifie, elle dura plusieurs minutes. Les allemands ne pouvant faire demi tour ont abandonnés les véhicules et se sont enfuis vers Etreux. Les FFI n'ayant plus de réponse à leurs coups de feu avancent vers les véhicules et constatent que les allemands se sont plus là et que les véhicules contiennent des denrées alimentaires, et non de « l'argent comme cela a été dit plusieurs fois»
Les FFI conduisent les camions dans une grange derrière la ferme de Mr Lambotte,
Cela ne plait guerre à cette personne, qui ira avec sa famille passer la nuit chez Mr Hocquet.
Le lendemain quand les SS et d'autres soldats allemands furieux arrivent à l'entrée du Gard d'Etreux, ils ont certainement été prévenus des événements, et pensent certainement à une importante formation de « terroristes » comme ils les appellent. Et c'est certainement pour cette raison qu'ils encerclent Le Gard d'Etreux pour mener une action punitive
Un premier groupe par la ligne de chemin de fer à gauche , un deuxième groupe continuant tout droit vers le pont du canal, et un troisième groupe à droite par le chemin de halage, passe par l'écluse n°2,et ensuite les pâtures ce qui les fait arriver à la Junière derrière chez René Adiasse et ils investissent la maison de celui-ci
Mr Lambotte de chez Mr Hocquet voyant les allemands chez Adiasse et les hommes les bras en l'air s'enfuient avec sa famille avant que sa ferme ne soit investie par les allemands et que les camions ne soient découverts.
En effet, quand ils découvrent les camions dans la grange, ce n'est plus de la colère mais de la furie, et c'est certainement une des raisons ou au moins une explication du massacre du Gard d'Etreux.
Après la journée du premier septembre, les soldats allemands rescapés du camion attaqué sur le pont du canal, donnent l'alerte et certainement les positions où se trouvent les résistants.
Le lendemain 2 septembre, vers 9 heures du matin, une importante formation de soldats allemands fortement armés venant d'Etreux encerclent la position où les résistants doivent se trouver.
A la sortie d'Etreux, la colonne se déploie en tirailleurs et se partage en trois, une partie se dirige vers la gauche en direction de la ligne de chemin de fer, et la remonte jusque l'entrée de Boué, la deuxième, continue sa route en direction du Gard vers le pont du canal
la troisième à droite vers le chemin de halage, passe par l'écluse n°2 et arrive à la Junière par les pâturages puis rejoint la route de
Vers 9 heures du matin Louis Chrétien était dans l'arrière cuisine de sa maison avec ses enfants lorsqu' un Allemand cassa les vitres de la fenêtre juste en face pour y jeter deux grenades. Personne ne fut blessé mais ils restèrent inquiets en attente de ce qui va se passer.
Et c'est à ce moment qu'un allemand aperçoit Louis Chrétien l'oblige à sortir de la maison pour le fusiller au bord de la route, à côté de son camarade Jules Bocquillon, deux anciens combattants de 14/18, Les survivants, ils ne leur restaient qu'une petite chance de survie. C'est alors qu'ils vont se réfugier dans la tranchée au fond de leur jardin. De là, ils entendaient les explosions de grenades et les sifflements des balles, les rafales de fusils mitrailleurs, les hurlements des allemands à la recherche hommes pour les tuer. Ils percevaient aussi les craquements de la maison de leur voisin « Mr Docher » qui brûlait.
Au bout d'un moment, les allemands découvrent la tranchée et se mettent à crier comme des sauvages pour faire remonter les occupants qui se retrouvent donc face à plusieurs allemands fortement armés. Leur chef donne l'ordre à un soldat d'emmener, les trois frères Chrétien, Ils sont suivis d'un soldat armé d'un fusil. En arrivant au portail, le soldat eut un moment d'hésitation, « il nous fit signe de nous arrêter, il avança d'une dizaine de mètres pour regarder. Il nous fit comprendre de retourner dans leur tranchée. » Pendant ce temps, les allemands qui occupaient le jardin avaient tous disparu.
Quand à Mr Docher, il a réussi à échapper en se cachant dans sa cave, Sa femme interrogée a dit qu'il était prisonnier, l'allemand la poussa avec ses trois enfants dans la cave et mis le feu à la maison. Vers 18 heures Mr Bourgeois Charles venu chez les Chrétiens, entendit des plaintes répétées qui provenaient du soupirail. C'était la famille Docher qui depuis le début du massacre, ne pouvait sortir l'entrée de la cave était complètement obstruée par les décombres. Ils les ont sortis dans un état lamentable, ne tenant plus debout, asphyxiés par la fumée. Ils ne pouvaient plus regarder la lumière mais ils étaient vivants.
Continuant leur massacre les SS font marcher devant eux
Valet Edmond Lefranc Adrien et Simon EmileEt font sortir Langlois Edmond, pour l'abattre avec ses camarades face à sa maison Ils arrivent au pont du canal
Adonis Bouleau qui tient le café au pont de la rivière, est entraîné dehors et abattu lâchement
Gustave Voisin s'était caché sous le pont. Les SS l'ayant aperçu, lui ont écrasé les mains à coups de pieds avant de l'achever d'un tir de mitraillette
Vers 10 heures, c'est Henri Dupuis et son fils Norbert qui sont tués sur le pont de la rivière
A ce moment, voyant du va et vient et pensant que cela allait mal tourner, Léon Legrand fait descendre toute la famille à la cave, ses deux filles Mireille et Jacqueline remontent de la cave. La maison est soudainement envahie par les SS en bras de chemise baïonnette d'une main mitraillette dans l'autre, détruisant tout sur leur passage coupant les matelas y mettant le feu ou jetant des grenades incendiaires. Apeurées les deux sœurs courent pour redescendre à la cave, mais les SS leur barrent le passage en jurant et elles voient leur père, baïonnette dans le dos, remonter de la cave.
Prévoyant le danger, leur père veut s'enfuir. Ces brutes le plaquent au sol à l'extérieur de la maison. Il le massacre à coup de baïonnette dans le ventre et les organes génitaux, il perdait tout son sang. Ensuite ils l'ont achevé d'une balle explosive dans la tête. Il est mort les yeux ouverts en regardant ses filles.
Pendant ce temps d'autres SS tenaient les deux filles en respect avec leur baïonnette. Leur massacre terminé, ils sont sortis continuer leur tuerie plus loin.
Dans la cave, la fumée commence à asphyxier les occupants. Ils remontent pour aller se cacher dans la tranchée au bout du jardin protégé de la vue des SS par la fumée. C'est ainsi que le fils Henri a pu être sauvé. Dans leur précipitation les SS ne sont pas allés voir dans la tranchée.
Denis Jules (père) Denis Jules (fils) sont assassinés dans la salle à manger. Jules Denis tenait sa petite fille dans ses bras. Un SS a pris la petite fille et l'a donnée à la mère. Ensuite, il a abattu son beau père et son mari.
Monsieur Mercier René, Instituteur au Gard, s'était caché dans sa cave puis s'étant rendu compte que le feu était dans la classe, il réussit à l'éteindre. Deux soldats allemands l'ayant aperçu, le firent prisonnier et l'emmenèrent dans la rue et lui tirèrent une balle dans la tête .
Les frères René et Roger Bouleau prirent la fuite au moment où les SS abattaient leur père, Marcel Bouleau. Roger fut blessé au bras et au genou mais parvint quand même à s'échapper
Louis Bouleau est abattu devant sa famille rue de la Morteau .
Gilbert Loiseau reçut plus de vingt coups de baïonnette dans le ventre et les parties et ceci devant sa mère.
Gilbert Chazal âgé de 22 ans est dans la cave avec sa femme Simone et ses enfants. Tout à coup un allemand mitraille le soupirail. Ils remontent de la cave mais à ce moment les SS rentrent dans la maison et leur disent « vous terroristes tous kapout » Gilbert porte son fils dans les bras. Les SS ordonnent qu'ils sortent de la maison et un de ces monstres met Gilbert en joue et l'abat avec son fils dans les bras. De sa main, il gratte la terre. Le SS voyant qu'il n'est pas mort l'achèvent à coups de bottes ce qui lui fit sortir un œil de la tête. Sa femme Simone fut maltraitée en voulant lui porter secours. Elle porte encore aujourd'hui les marques des coups de bottes.
Louis Bobœuf et Henri Fresnois se trouvaient au café Hauet, ils sont sortis pour se rendre compte de ce qui se passait au Gard.et ils sont abattus quelques centaines de mètres plus loin Aristide Gravez, Armand Gravez et Machu Henri sont abattus devant leur famille
Paul Hiet est assassiné à l'arme blanche devant sa mère dans des conditions horribles..
.Liou Tchen Té et Lin Tsou habitants du Gard, gardiens de nuit chez Materne furent arrêtés également par les SS sur la place, en sortant de leur travail, emmenés vers le Gard, ils furent lâchement assassinés sur le chemin et abandonnés près du talus.
La troisième colonne qui s'était engagée par le chemin de halage, continua jusque l'écluse n°2, traversa le canal et par les pâturages, continua en direction de la route de La Neuville et arriva enfin derrière la maison Adiasse.
René Adiasse, les ayant vu arriver prévint sa famille de se cacher. Mais, trop tard, les allemands investirent la ferme et celles des environs. 8 hommes furent fait prisonniers. A cet instant,,Colbert Quentin Agent de liaison d'un groupe FFI arrivait en vélo venant de
On entendait de nombreux coups de feu et des rafales assez importantes du côté des quatre chemins de
C'était six résistants FTP qui ayant aperçu les incendies et entendu la fusillade étaient venus en reconnaissance, ils avaient engagé le combat avec les allemands.
De nombreux soldats allemands revinrent dans la cour de la ferme Péreau et dirent au commandant que des terroristes défendaient le carrefour. Alors le commandant vociféra de plus belle, et ils firent marcher les 9 otages cote à cote, les bras en l'air, sur toute la largeur de la route, jusqu'au carrefour. Les résistants FTP les voyant se replièrent jusque la forêt, et la fusillade arrêta. Le chef du commando fut blessé à la cuisse en se repliant
La situation n'était pas brillante René. Adiasse fit comprendre aux autres otages qu'à la moindre occasion, il faudrait essayer de s'enfuir. Malheureusement le dénouement approchait. Les SS, étaient maîtres du carrefour, firent remonter les otages et les poussèrent pour les faire entrer dans la cour de la ferme d'André Boulanger, dont les dépendances étaient en flammes. Ils ordonnèrent aux otages de s'aligner contre un mur. Colbert Quentin voulut parlementer une nouvelle fois mais ils comprirent que cette fois c'était fini. Les SS étaient de plus en plus nombreux en face d'eux et déjà plusieurs les mettaient en joue. Le commandant dut dire à ses soldats de tirer car tous ceux qui étaient en face d'eux se mirent à épauler leurs armes. Emile Moineuse qui avait fait la guerre de 14/18 sans avoir été blessé, leur demanda de ne pas tirer sur eux. otant sa casquette dans une nouvelle supplication, c'est alors qu'il reçu une rafale qui lui coupa la main droite. Il bascula près de Serge Adiasse, celui-ci voyait les fusils pointés sur lui, fit un écart et se laissa tomber à terre. Il fut blessé dans le dos. Il eut la chance que son voisin de gauche Lucien Pereau tomba sur lui, ce qui le protégea en partie car les SS continuèrent à leur tirer dessus par terre et il fut de nouveau blessé aux jambes. Son Père qui avait crié « vive
Le calme étant revenu, les quatre rescapés sortirent à plat ventre de l'écurie car une fumée très épaisse recouvrait les lieux. Serge Adiasse était blessé ils lui firent un garrot et le ramenèrent à la maison où il fut soigné lavé et pansé par une voisine Mme Demarcq. Pendant ces moments terribles le dévouement et le courage étaient présents.
A la nuit tombante, Mr Alfred Lévêque de la Croix –rouge d'Etreux guida l'ambulance vers l'hôpital pour les premiers soins à Serge Adiasse. Lors du transfert, l'ambulance fut arrêtée par vingt-huit allemands en armes. Mr Lévêque qui parlait assez bien l'allemand, leur demanda de se rendre. Il allait les conduire aux troupes Américaines qui se trouvaient à Etreux. Au bout d'un moment ils rendirent les armes, Mr Lévêque donna l'ordre à l'ambulance de partir directement à l'hôpital car Serge Adiasse était au plus mal, ensuite, Mr Lévêque ramena seul, les vingt-huit prisonniers aux américains.
De son observatoire, Mr Saillofest aperçoit Gaston Bleux le malheureux voisin qui s'était laissé surprendre. Il suppliait, demandait grâce. Ses cris affreux parvenaient jusqu'à eux. Les SS le tuèrent froidement d'un tir de mitraillette, le laissant dans le fossé en face de chez lui Mr André Moro et ses deux fils Joseph et Jean seront emmenés par les Allemands soi disant pour aller à la Kommandantur, mais quelques dizaines de mètres plus loin, ils sont mitraillés dans le dos.
Caudron Emile, âgé de 80 ans fut conduit au café tabac Bernard Poitou où les deux hommes furent sauvagement abattus devant le café
Après avoir tué tous les hommes valides, les SS rassemblèrent les survivants, femmes enfants et vieillards dans un champ proche de la route. Ils étaient une bonne trentaine, avec une mitrailleuse braquée sur eux et prêt à faire feu (il était 11 heures). Mais arriva un groupe de soldats allemands qui dirent que les Américains étaient à Etreux. Alors les SS partirent au grand soulagement des infortunés otages.
Les Allemands, entendant la canonnade des chars Américains libérant Etreux s'enfuirent par des routes secondaires vers Barzy, le pas de vaches, Prisches.
Mais là, leurs éclaireurs signalèrent la libération de Landrecies et d'Avesnes, ils firent demi-tour se dirigèrent vers Fesmy, Rejet de Beaulieu, Ors. Ils furent repérés dans le Bois l'évêque le dimanche matin, par l'aviation américaine qui les mitrailla et la plupart des véhicules furent incendiés. Les survivants se dispersèrent .Ils seront capturés mélangés à d'autres retardataires avant d'atteindre la Belgique
Comme le disait Madame Jacqueline Legrand « Le tueur tue deux fois ; nous sommes les survivants et nous avons pour mission de transmettre ces épisodes sanglants aux jeunes. »
Des drames de ce genre font partie de notre héritage, nous n'avons pas le droit d'oublier
Un DVD est disponible chez « Serge Adiasse 24 rue rejet 02450 Boué »
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